Mon fils n’était pas un premier de classe, ni un athlète accompli. Il n’était pas non plus un leader naturel. C’était un garçon qui pouvait passer inaperçu. À l’âge de 12 ans il s’est joint au Corps de Cadets royaux de l’Armée canadienne, 2963 Seaforth Highlanders.
Je l’avais encouragé à se joindre aux cadets, car il aimait camper et faire du canot, des activités que son père et moi ne pratiquions pas. Nous étions en avril et il ne restait que 2 mois à l’année d’entrainement; je lui ai donc dit qu’il devait s’engager pour ces deux mois-là et que s’il n’aimait pas l’expérience il ne serait pas obligé de retourner en septembre. À cette première soirée d’entrainement, le commandant lui a demandé pourquoi il voulait se joindre aux cadets. Sa réponse : parce que c’est ce que ma mère veut que je fasse! Le commandant lui a dit de faire un essai et l’a emmené rencontrer les autres « étoiles vertes » – les cadets de première année. Il fut accueilli chaleureusement par les autres cadets et immédiatement on aurait dit qu’il se trouvait parmi un groupe de vieux copains. Ils se sont formés en rang et on fait une place pour mon fils. Puis le commandant annonça qu’étant donné que le groupe n’avait pas fait de drill durant tout l’hiver, la drill serait au programme tous les soirs jusqu’à la revue cérémoniale annuelle. Je ne savais pas ce qu’était la revue cérémoniale annuelle, mais ça semblait important. Mon cœur ne fit qu’un tour. J’avais dit à mon fils qu’il allait avoir du plaisir et on venait de lui annoncer qu’il allait faire de la marche militaire pour les deux prochains mois. Les cadets sont allés à l’extérieur pour marcher autour du terrain de stationnement de la Légion de Sechelt. Il se mit à pleuvoir, mais ils continuèrent à marcher. J’étais sûre qu’à la fin de la soirée, mon fils déciderait de ne plus revenir. Lorsque les cadets rentrèrent, mouillés et transis, je demandai à mon fils ce qu’il en pensait. Son visage s’illumina et il me dit : c’était fantastique; je suis très bon en drill. Ce n’était vraiment pas le cas, mais il avait l’impression d’avoir trouvé quelque chose où il pouvait réussir. Et j’aimais le fait qu’en même temps c’était un bon exercice. Mais pour lui, les jeux étaient faits, il avait eu la piqure. À partir de ce moment, mon petit garçon échevelé, pas toujours à l’ordre allait se transformer tous les mardis soir en modèle de propreté sans que j’aie même besoin de lui dire de se préparer. Mais heureusement, au bout du compte ils trouvèrent également le temps de faire un peu d’escalade, de canot et un souper de pizza!
Cet essai qui devait durer 2 mois s’est finalement transformé en un voyage de 7 ans. En septième année il rédigea un texte sur l’histoire des Seaforth Highlanders of Canada qu’il a eu l’occasion de présenter à ses collègues du Corps. Ce fut une telle réussite que depuis, c’est à lui que revient d’enseigner l’histoire du régiment aux nouveaux cadets.
Mon fils a commencé à se fixer des buts, le premier étant d’obtenir le prix d’assiduité à la fin de l’année. Il a réussi cet exploit pendant 5 années consécutives. Ensuite se fut la médaille de la Légion, une médaille d’argent brillante, pour son bénévolat au sein de la collectivité, son esprit de corps chez les cadets et ailleurs et son influence positive sur le moral du Corps. Mais son but ultime était sa promotion au grade d’adjudant. Pour cela il allait devoir se surpasser et devenir un leader grâce aux compétences que le programme des cadets lui avait inculquées toutes ces années. Il allait devoir enseigner aux jeunes cadets, les guider, les protéger et les aider à devenir de meilleurs cadets, toutes des choses bien difficiles pour un adolescent comme lui. Vous auriez dû voir l’éclat dans ses yeux lorsque le commandant l’a appelé pour lui remettre sa promotion.
Il fut nommé quartier-maître de compagnie du Corps, un poste de responsabilité. Les cadets venaient le voir pour échanger des articles d’uniforme qui ne leur faisaient plus. Il devait aider les officiers à habiller les cadets et à leur enseigner comment prendre soin de leurs uniformes. C’était son travail de distribuer l’équipement et les articles d’approvisionnement avant et pendant les exercices en campagne et ensuite de les récupérer et d’en faire l’inventaire à la fin des exercices. Il était très fier de garder l’entrepôt propre et en ordre.
En mars, mon fils a eu 19 ans et a atteint l’âge limite pour faire partie des cadets. Il n’est toujours pas un premier de classe, mais les cadets lui ont donné la chance d’obtenir des crédits en dehors de l’école, d’apprendre comme établir des objectifs pour la vie et sa carrière. Il n’est pas non plus devenu un athlète, mais les cadets lui ont appris comment adopter un style de vie actif et sain. Il n’est toujours pas un leader né, mais les cadets lui ont donné la confiance et les compétences pour faire face aux défis que la vie lui présentera.
Janice Lavric
Présidente du Comité de soutien
Corps de Cadets royaux de l’Armée canadienne, 2963 Seaforth Highlanders
Sechelt, BC