Cet article a paru dans le numéro de janvier 2021 du magazine Esprit de Corps.
« Notre thème pour notre 50e anniversaire est de célébrer nos bénévoles, car sans eux, la Ligue des cadets de l’Armée du Canada n’existerait pas »
À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, on comptait plus de 75 000 cadets royaux de l’Armée du Canada (Cad RAC). À la fin de la Guerre de Corée, il n’en restait plus que 50 000. En 1965, grâce à la popularité grandissante de la télévision, les Canadiens ont été de plus en plus les témoins des effets dévastateurs de la Guerre du Vietnam sur nos voisins du Sud. Le Canada ne voulait plus envoyer de jeunes hommes à la guerre. La perception d’un entraînement para militaire donné à des jeunes en uniforme dans nos écoles a beaucoup évolué. La plupart des écoles ont petit à petit supprimé l’instruction des cadets de leur programme scolaire, ne laissant qu’un petit nombre de corps dirigés par des comités suivant leur entraînement dans des manèges militaires un peu partout au pays. La population des cadets de l’Armée était alors de 12 000 garçons.
C’est au milieu des années 60 que le Colonel commandant des cadets royaux de l’Armée du Canada et du Service des cadets du Canada, le Major-général (ret) Rodger s’est inquiété du déclin alarmant de la population des cadets de l’Armée. C’est en étudiant l’approche adoptée par les Cadets royaux de la Marine et de l’Aviation, qu’il réalisa les avantages d’un soutien provenant d’organismes civils. Les ligues civiles étaient mieux équipées pour appuyer leur programme axé sur la communauté, sans avoir à se soucier des programmes scolaires. Les ligues étaient bien outillées pour attirer des membres distingués de la communauté, qui étaient eux-mêmes d’anciens cadets, pour convaincre les jeunes de se joindre aux cadets de la Marine et de l’Aviation. C’est au Général Rodger que l’on doit l’idée de former la Ligue des cadets de l’Armée du Canada, telle qu’on la connait aujourd’hui.
Durant son mandat comme colonel commandant, le Major-général Rodger a lancé le mouvement destiné à attirer les jeunes au programme des cadets de l’Armée, en s’attirant la participation d’anciens cadets pour former une ligue des cadets de l’Armée. Les expériences positives qu’ils avaient vécues au sein des cadets de l’Armée et qu’ils partageaient et les avantages qu’ils en avaient tirés dans la poursuite de grandes carrières tant militaires que civiles en faisaient des ambassadeurs de premier plan pour le programme.
En 1970, une fois le travail de fond accompli, le flambeau fut passé au nouveau colonel commandant, le Lieutenant-général G. Walsh qui venait d’être nommé. C’est lui qui, avec les avocats GB Robertson et W Howard et les hauts dirigeants d’entreprises EG Eikens et JHR Gagnon, fonda la Ligue des cadets de l’Armée du Canada, le 1er avril 1971. Dès sa formation, la LCAC fut immédiatement reconnue par le ministère de la Défense comme répondant superviseur des Cad RAC. Bien que les colonels commandants aient été le fer de lance de sa fondation, la LCAC est reconnue et structurée comme un organisme sans but lucratif civil, totalement indépendant du MDN.
Alors que la LCAC jetait ses bases au niveau national, les provinces se joignaient au mouvement. La plupart des divisions provinciales furent incorporées en 1971, sauf la Nouvelle-Écosse, le Québec et la Colombie-Britannique, qui furent incorporés en 1972. En 1974, ce fut au tour du Yukon et en 1983 la division des Territoires du Nord-Ouest se joignit à la LCAC. Ce n’est qu’au milieu des années 2000, que la LCAC mit sur pied une autre division dans le nord du Canada pour représenter les intérêts des cadets du Nunavut.
En 1955, l’Autorité héraldique du Canada a approuvé les armoiries de la Ligue. Les lettres patentes autorisant les armes héraldiques ont également été publiées, et c’est en 1996, lors du 25e anniversaire que le drapeau officiel de la LCAC a été inauguré lors d’une cérémonie officielle sur la colline du Parlement en présence de représentants du gouvernement, de hauts gradés des Forces armées, des cadets de l’Armée et des officiers de la LCAC.
Au fil des années et tout en étant témoin de l’évolution de la société, le programme des cadets a dû s’adapter pour demeurer pertinent et être utile pour la jeunesse canadienne. En tant que répondant superviseur des Cad RAC, la LCAC a également dû s’adapter et modifier son approche.
Aujourd’hui, la mission de la LCAC est toujours de faire preuve d’engagement pour soutenir les cadets de l’Armée en travaillant en partenariat avec les collectivités locales et les Forces armées canadiennes. De par sa structure, la LCAC est le répondant superviseur de plus de quatre cents corps de cadets de l’Armée partout au Canada. Avec l’aide de chacune des divisions provinciales et territoriales, la Ligue procure le soutien dans les domaines des finances, des locaux et du transport pour les programmes et les services qui ne sont pas fournis par le ministère de la Défense nationale à plus de 18 000 cadets.
Au cours des dernières années, la LCAC a poursuivi ses efforts pour soutenir les activités et événements importants auxquels participent les Cad RAC et ses bénévoles. Voici quelques-unes des dates et des réalisations qui ont marqué la LCAC :
- 1985 – sous l’égide de la Ligue, Son Altesse Royale, le Prince Philip, le colonel en chef des Cad RAC leur a présenté la bannière royale, la bannière de trompette et la bannière de cornemuse à Banff, Alberta.
- 1999 – L’« épée commémorative Walsh » qui souligne chaque année le meilleur cadet de l’Armée a été instituée.
- 2000 – La LCAC exerce une forte influence sur la mise en œuvre des « treks » des cadets de l’Armée, mieux connus aujourd’hui sous le nom de « Programme des expéditions des cadets de l’Armée ». Chaque année, La LCAC fournit de l’équipement supplémentaire pour ces expéditions qui ont lieu aussi bien au pays qu’à l’étranger.
- 2002 – Soixante-dix membres et bénévoles de la LCAC ont reçu la Médaille du Jubilé d’or de la Reine et de nouveau en 2012 pour le Jubilé de diamant.
- 2004 – L’ancienne présidente de la LCAC, Mme Deborah Craig, préside un comité chargé du soutien de la LCAC aux activités du 125e anniversaire des Cad RAC. Leur travail a culminé, entre autres, avec la parution d’un timbre et d’une épinglette commémoratifs. Cette année-là, la LCAC a créé la Médaille de service des cadets de l’Armée afin de récompenser les cadets qui ont accumulé au moins quatre années de service méritoire.
- 2005 – La LCAC, ainsi que la Ligue navale et la Ligue des cadets de l’Air du Canada, signent le Protocole d’entente afin de mieux établir et clarifier les rôles et responsabilités des partenaires. Un protocole révisé a été publié et signé en 2020.
- 2007 – La LCAC a créé la médaille de service bénévole décernée aux membres méritants de la LCAC pour services continus et méritoires.
- 2011 – En association avec le MDN, la LCAC met en place et soutient les activités annuelles des cadets commémorant la bataille de Vimy.
- 2016 – À la suite de la malheureuse annulation des échanges des cadets de l’Armée, la LCAC travaille en étroite collaboration avec le MDN pour mettre sur pied le plus récent programme d’échange estival « Voyage dans l’Histoire des cadets de l’Armée »
Au fil des années, la LCAC a également mis en œuvre d’autres prix et bourses d’études afin de reconnaître les cadets de l’Armée, les corps et les bénévoles méritants.
La LCAC et ses bénévoles
Afin de fournir le soutien nécessaire, la LCAC et les cadets de l’Armée, dépendent en grande partie des parents et des bénévoles de la collectivité. Ses bénévoles et les membres de tous talents, origines, et intérêts sont indispensables pour faire un succès du programme des cadets de l’Armée.
Au fur et à mesure qu’ils s’impliquent dans un corps, bien des bénévoles se rendent compte des avantages qu’ils procurent aux cadets de l’Armée et de l’influence qu’ils exercent dans le meilleur intérêt de ceux-ci. C’est pour cette raison que bien d’entre eux poursuivent leur engagement et joignent les rangs de direction de la LCAC. Dès les débuts, la décision fut prise que la LCAC tiendrait des élections pour les postes du Conseil national aux deux ans. Un de ces postes électifs est celui de président national. Depuis 1971 lorsque l’honorable Earl Rowe, un ancien lieutenant-gouverneur de l’Ontario (1963-1968) fut nommé président, La LCAC a été dirigée par dix-huit présidents nationaux.
En 1998, Mme Deborah A. Craig du Nouveau-Brunswick devint la première femme à être élue présidente de la LCAC. Elle est d’ailleurs toujours bénévole auprès de la division du Nouveau-Brunswick de la LCAC. De son expérience comme présidente de la LCAC pendant deux années, Mme Craig déclare : « toutes les heures de bénévolat auprès des cadets en valent bien la peine. Ce fut un honneur de les servir. »
Durant cette période, le Bureau national passait également dans l’ère moderne, durant laquelle les ordinateurs et les courriels ont remplacé les envois massifs de courrier qui étaient la norme depuis de nombreuses années.
Peu de temps après le mandat de Mme Craig, ce fut au tour de Gilles Dery de Québec de prendre les commandes de la LCAC. À partir de 2001, M. Déry est demeuré en poste pendant quatre mandats, soit huit années. En tant que président national, M. Déry avait la conviction que le programme des cadets de l’Armée avait tout avantage à reposer sur une organisation civile forte et dynamique, représentative des bénévoles et des membres civils ainsi que des parents qui peuvent soutenir efficacement les cadets royaux de l’Armée canadienne, et aborder les problèmes et les préoccupations émergentes. « J’ai toujours été impressionné par la qualité et le dévouement de tous nos bénévoles, particulièrement au niveau local. Et il rajoute : Ils méritent toute notre gratitude et notre admiration ».
En tant que présidente actuelle de la LCAC, Mme Cathy Bach fait écho : « Alors que nous amorçons l’année du 50e anniversaire de la Ligue des cadets de l’Armée du Canada, j’ai l’honneur et le privilège de servir en tant que Présidente nationale de la LCAC dans la foulée de tant de présidents honorables qui m’ont précédée. Nous pouvons compter sur un groupe de gens fantastiques, de partout au Canada, d’antécédents variés et qui contribuent au bon fonctionnement des 13 divisions et du Conseil national. Ces bénévoles dévoués sont le pilier de cette belle organisation, et ils le sont pour une bonne raison que l’on ne peut pas ignorer : la jeunesse de notre pays. Ces jeunes sont les leaders de demain et méritent bien l’investissement en temps qu’on leur consacre ».
« Notre thème pour notre 50e anniversaire est de célébrer nos bénévoles, car sans eux, la Ligue des cadets de l’Armée du Canada n’existerait pas. Nos bénévoles se comptent par milliers. Nous les saluons. »
L’influence positive de ses membres et bénévoles au sein de leurs communautés et cercles sociaux est ce qui fait de la LCAC ce qu’elle est devenue aujourd’hui : une organisation bien établie qui a du succès, dont le seul but est de soutenir le programme des cadets de l’Armée, ses corps et ses bénévoles. À ce jour, la LCAC en soutient pleinement les valeurs et remplit toujours le rôle et les responsabilités de son partenariat avec les Forces armées canadiennes dans la prestation et le soutien de l’excellent programme de leadership pour les jeunes que nous connaissons aujourd’hui.